Par un néophyte curieux

L’intelligence artificielle (I.A.) : voilà un sujet qui, pour un nouveau-né en la matière tel que moi, suscite un mélange d’excitation, d’intrigue et d’incompréhension. Les lectures que j’ai entreprises récemment m’ont ouvert les yeux sur l’incroyable potentiel de l’I.A. dans notre secteur et j’ai souhaité, à travers cet article partager avec vous mes réflexions et le fruit de ces lectures. J’espère qu’elles pourront vous aider, vous nourrir et vous éveiller sur cette question stratégique. Ce n’est pas un regard d’expert que je propose ici : c’est celui de quelqu’un qui vient tout juste d’entamer ses recherches et tente de comprendre tout d’abord ce qu’est l’I.A., et de percevoir les conséquences majeures possibles pour notre métier. Cet article est la synthèse de mes premières lectures et de ce qui me semble constituer les messages essentiels à retenir aujourd’hui.

Enfin, petite précision, ce que vous lirez n’a pas été généré par l’I.A. !

L’ORIGINE ÉTYMOLOGIQUE DE L’EXPRESSION « INTELLIGENCE ARTIFICIELLE »

L’origine étymologique de l’expression « intelligence artificielle » est fascinante et révèle un héritage linguistique qui peut sembler curieux à première vue. Cette terminologie a émergé dans les années 1950, lorsque les chercheurs et scientifiques se sont penchés sur la création de systèmes informatiques capables de simuler une forme d’intelligence humaine.

La première étrangeté réside dans le fait que le mot « intelligence » en anglais n’a pas exactement le même sens qu’en français. « Cleverness » (intelligence, habileté, ingéniosité) aurait peut-être été plus pertinent. A contrario, « Intellego », en latin, signifie comprendre et peut dès lors s’appliquer à notre I.A. qui, non seulement comprend, mais apprend.

Pourquoi « artificielle » ? « Intelligence de synthèse » aurait pu être une option, mais elle ne capture peut-être pas entièrement la complexité de ce que l’I.A. tente d’accomplir. L’I.A. ne se contente pas de synthétiser des informations, elle vise à comprendre, apprendre, et résoudre des problèmes de manière autonome, ce qui dépasse la simple synthèse. De plus, j’ai découvert que l’I.A. a évolué au fil du temps pour englober divers domaines, y compris la vision par ordinateur, le traitement du langage naturel, et l’apprentissage automatique, ce qui rend « intelligence de synthèse » potentiellement limitatif. En définitive, bien que l’expression « intelligence artificielle » puisse sembler inadaptée d’un point de vue sémantique, elle est devenue le terme largement accepté pour décrire cette discipline multidimensionnelle et en constante évolution. Elle évoque l’idée que nous cherchons à créer une forme d’intelligence qui, bien que créée par l’homme et basée sur des algorithmes et des calculs, peut imiter certains aspects de la pensée humaine et de la résolution de problèmes.

Alors ok mais une fois que l’on a dit cela, quid de son impact sur notre secteur ?

L’I.A. : UNE TRANSFORMATION INÉVITABLE

Il est possible que l’I.A. remodèle profondément l’industrie de l’assurance, tout comme elle le fait déjà dans de nombreux autres secteurs. Les implications de cette révolution technologique seront sans doute vastes et toucheront tous les aspects de notre métier, de la tarification à la gestion en passant par la détection de la fraude ou la relation clients.

CHANGEMENTS DANS LE RÔLE DES AGENTS D’ASSURANCE

Le rôle des agents d’assurance est également en mutation. En 2030, on prévoit une réduction significative de leur nombre. Ceux qui resteront s’appuieront fortement sur la technologie pour augmenter leur productivité. Ils deviendront des facilitateurs de processus et des éducateurs sur les produits, utiliseront des assistants personnels intelligents et des bots I.A. pour trouver les meilleures offres pour leurs clients.

PROBLÉMATIQUES ÉTHIQUES ET DE CONFIDENTIALITÉ

L’utilisation croissante de l’I.A. soulève des questions critiques sur la confidentialité des données personnelles et le biais algorithmique. Les régulateurs examinent de près ces modèles basés sur l’apprentissage automatique pour s’assurer que leur utilisation est appropriée et transparente. La protection contre la discrimination et le respect de la vie privée sont des préoccupations majeures.

IMPACT SUR L’EMPLOI

Bien que l’automatisation puisse menacer certains emplois, surtout les plus répétitifs, elle créera et crée déjà également de nouvelles opportunités. Les compétences en IA deviennent de plus en plus précieuses, et il y a un besoin croissant de professionnels capables de gérer et d’interpréter ces technologies avancées. Toute (r)évolution technologique doit d’abord être une aide pour l’Homme dans ses choix, ses décisions, son efficacité. Elle s’accompagne généralement d’une évolution marquée des métiers et des talents ou compétences requises pour les exercer.

AUTOMATISATION DANS LA GESTION DES SINISTRES

Imaginez un conducteur téléchargeant des photos de son accident de voiture via une application smartphone, et un algorithme basé sur l’I.A. évaluant les dommages et calculant automatiquement une indemnisation en un temps record. C’est l’une des possibilités qu’offre l’I.A. dans la gestion des sinistres. Une automatisation accrue qui pourrait améliorer considérablement l’efficacité de notre industrie.

TARIFICATION DYNAMIQUE ET PERSONNALISÉE

L’utilisation de l’I.A. pour la tarification ouvre la voie à des approches plus dynamiques et personnalisées. Les produits d’assurance basés sur l’utilisation (UBI – Usage-Based Insurance) se développent et permettent déjà aux contrats d’assurance de s’adapter continuellement aux comportements individuels des clients. Cette évolution pourrait transformer l’assurance d’une approche annuelle à un cycle continu et redéfinir ainsi la manière dont les consommateurs interagissent avec leurs couvertures assurantielles.

DÉTECTION DE FRAUDE SOPHISTIQUÉE

Les outils basés sur l’I.A. sont déjà capables de détecter des schémas de fraude complexes et cela dépasse largement les capacités humaines traditionnelles dans ce domaine. En analysant de gigantesques ensembles de données, l’I.A. peut identifier des comportements suspects et signaler des réclamations potentiellement frauduleuses. Cela ouvre la voie à une protection renforcée contre la fraude, ce qui est un avantage majeur.

Ces exemples ne sont pas exhaustifs : les chatbots, la programmation ou encore l’analyse et l’exploitation de la data sont des champs opérationnels pour lesquels l’I.A. a démontré sa pertinence.

L’I.A. COMME UN POTENTIEL ATOUT POUR NOTRE SECTEUR

L’I.A. est sans aucun doute un atout pour l’industrie de l’assurance. Elle offre déjà des possibilités d’optimisation et de personnalisation sans précédent. Mais, cette révolution technologique, désormais en marche et bien avancée dans certains domaines, doit être gérée avec prudence pour assurer le respect de l’éthique et de la confidentialité, tout en tenant compte des répercussions sur l’emploi dans le secteur.

Il est impératif que nous, professionnels de l’assurance, abordions avec humilité et analyse le sujet de l’intelligence artificielle et ses implications pour notre secteur. Notre engagement envers l’éducation de nos futures équipes et la formation des salariés est essentiel pour aborder ces nouvelles technologies. Nous devons offrir des opportunités de formation continue à tous nos employés, quelle que soit leur position, afin de garantir que nous restons pertinents et compétents dans un monde de plus en plus rythmé par le développement de l’I.A.

Dans cette démarche, la mise en place de lignes directrices éthiques et de cadres de gouvernance pour l’utilisation de l’I.A. me semble essentielle. Nous devons suivre les recommandations de l’EIOPA et nous engager à promouvoir l’équité, la transparence, la non-discrimination et la protection des données personnelles. Cela renforcera la confiance des clients et des partenaires.

La collaboration avec les régulateurs me parait également cruciale. En travaillant en étroite collaboration avec eux, nous pouvons établir des normes et des pratiques acceptables pour l’utilisation de l’I.A., tout en garantissant la protection des consommateurs et une concurrence équitable. L’intégration progressive de l’I.A. dans nos processus d’affaires doit être engagée mais avec discernement. Nous pouvons mettre en place des projets pilotes et des études de cas pour en évaluer l’efficacité, tout en maintenant un œil attentif sur la gestion des risques, y compris les cyber-risques et ceux associés aux préjugés algorithmiques.

N’oublions pas d’impliquer les clients dans ce processus. Leur fournir des informations claires, régulièrement, sur la manière dont leurs données sont utilisées et comment cela affecte les contrats qu’ils ont souscrits est un devoir. L’amélioration continue de nos systèmes d’I.A. est essentielle pour rester à la pointe de la technologie. Nous devons établir des mécanismes de retour d’information et d’amélioration continue, en prenant en compte l’évolution des technologies et les besoins du marché.

Nous devons nous engager à des tests et des validations rigoureux pour nos systèmes d’I.A., en veillant à ce qu’ils répondent aux normes élevées de performance et de fiabilité avant d’être déployés à grande échelle. La transparence des modèles d’I.A. est tout aussi importante, permettant aux utilisateurs de comprendre et, si nécessaire, de contester les décisions prises par ces systèmes.

Enfin, la protection de la vie privée doit être une priorité absolue. Nous devons intégrer cette préoccupation dans la conception de nos systèmes d’I.A. pour prévenir les abus et garantir la conformité avec les réglementations sur la protection des données. Ensemble, nous pouvons façonner un avenir où l’I.A. est un atout pour notre industrie, tout en respectant nos valeurs éthiques et en améliorant la confiance de nos clients.

Christophe Emprin

 

SOURCES WEB

Biztech Magazine : https://biztechmagazine.com/article/2023/02/how-ai-will-reshape-insurance-industry Mc Kinsey : https://www.mckinsey.com/industries/financial-services/our-insights/insurance-2030-the- impact-of-ai-on-the-future-of-insurance https://www.mckinsey.com/industries/financial-services/our-insights/insurance-2030-the-impact-of-ai-on- the-future-of-insurance IA MAGAZINE : https://www.iamagazine.com/magazine/issues/2023/october/how-ai-is-changing-the-future-of-insurance

SITES WEB D’ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES

Les organisations telles que l’Association pour l’Intelligence Artificielle (AAAI), l’Institut de l’Assurance (I.I.I.), et l’Association de l’Industrie de l’Assurance (AIA) publient souvent des ressources et des articles sur l’IA dans l’assurance.

RAPPORTS

Des entreprises de conseil telles que McKinsey & Company, Deloitte, PwC, et Accenture publient régulièrement des rapports sur les tendances de l’IA dans l’industrie de l’assurance. Vous pouvez consulter leurs sites web pour trouver des rapports pertinents.